BOURSAULT (Edme) 1638-1701

 

Biographie

Fils d’un ancien militaire, d’une des premières familles de Mussy, qui ne lui fit pas donner d’éducation, Boursault se distingua pourtant dès sa jeunesse par son esprit et par la délicatesse de son style. Il vint à Paris en 1651 ne sachant encore que le patois bourguignon, connaissant mal la langue française et complètement ignorant du grec et du latin. Autodidacte, il ne tarda pas à apprendre le français et à l’écrire ; mais il eut plus d’une fois l’occasion de regretter son manque d’instruction ce qui l’empêcha de se présenter à l’Académie française.
En raison de son ignorance du latin, Boursault dut refuser la place de sous-précepteur du Dauphin que lui avait offert Louis XIV après la publication de son ouvrage ad usum Delphini intitulé : la Véritable étude des souverains (Paris, 1671, in-12).
Il fut secrétaire de la duchesse d’Angoulême et toucha quelque temps une pension de 2 000 francs pour une gazette rimée, qui était fort goûtée de la cour. Cette pension fut supprimée à la suite de plaisanteries ridiculisant un capucin qui manquèrent envoyer leur auteur à la Bastille. Ayant repris sa gazette quelques années plus tard, elle fut de nouveau supprimée pour une épigramme contre le roi Guillaume avec lequel la France avait alors le dessein de faire la paix.

Boursault occupait, tout en cultivant les lettres, la fonction de receveur des tailles à Montluçon, qu'il obtint en 1672 et qui lui assurait une existence aisée. C'est donc dans cette ville qu'il écrivit une part importante de son œuvre littéraire. Mais, en 1688, il fut révoqué de cette charge pour insuffisance.
Deux de ses plus illustres contemporains, Molière et Boileau furent un temps hostiles à Boursault qui attaqua l'École des femmes dans une petite comédie intitulée le Portrait du peintre ou la contre-critique de l’École des femmes ; Molière se vengea vivement dans l'Impromptu de Versailles (ce qui valut à Boursault sa célébrité). Boileau l’ayant nommé dans plusieurs de ses Satires, Boursault fit contre lui la Satire des Satires, comédie que le crédit de son adversaire l’empêcha de voir représenter. En effet, Boileau avait obtenu en 1669 du Parlement de Paris que la pièce ne soit jouée[3]. Leur querelle cessa à la suite d’un prêt de deux cents louis qu’il alla faire à Boileau se trouvant sans argent aux eaux de Bourbonne ; celui-ci retrancha alors de ses satires le nom de Boursault et mit celui de Pradon à la place.
La réputation de Boursault repose sur trois comédies en cinq actes, en vers : le Mercure galantÉsope à la ville et Ésope à la cour. L’esprit de ces comédies à tiroirs, qu’on nommait alors comédies à épisodes, est vif, le comique franc, le style naturel ; mais ce sont moins des pièces qu’un assemblage de scènes détachées et reliées dans un même cadre, sans intrigue et sans action.

II faut citer encore, parmi les comédies de Boursault, les Mots à la mode, en un acte, en vers (1694), satire spirituelle contre les néologismes de son époque. Il fit aussi représenter deux tragédies : Marie Stuart et Germanicus. La seconde, que Corneille, alla, en pleine Académie, jusqu’à égaler aux chefs-d’œuvre de Racine, eut un grand succès.

Œuvres

Théâtre

  • 1661 : Le Jaloux endormi ou le jaloux prisonnier (Comédie) ; Le Médecin volant (Comédie) 
  • 1662 : Le Mort vivant (Comédie) 
  • 1663 : Les Yeux de Philis changés en astres (Pastorale) ; Le Portrait du peintre ou la Contre-critique de l’École des femmes (Comédie)
  • 1664 : Les Deux frères gémeaux ou les Nicandres ou les menteurs qui ne mentent point Comédie)
  • 1669 : Satire des satires (Comédie)
  • 1672 : La Princesse de Clèves (Tragédie)
  • 1673 : Germanicus (Tragédie)
  • 1683 : Le Mercure galant ou la comédie sans titre (Comédie) ; Marie Stuart, reine d'Écosse (Tragédie)
  • 1684 : Méléagre (Tragédie)
  • 1690 : Ésope à la ville (Comédie) ; La Fête de la Seine (Divertissement)
  • 1691 : Phaéton (Comédie)
  • 1694 : Les Mots à la mode (Comédie)
  • 1701 : Ésope à la cour (Comédie)