LÉVY (Jules) 1857-1935
Biographie
À peine revenu du service militaire, Lévy s’est signalé par diverses mystifications, qui ont fait un moment la joie du Quartier latin. Vers 1884, il succède à son père comme libraire-éditeur à Paris, rue Antoine-Dubois, où il édite ses amis et collabore avec eux pour diverses petites pièces du genre montmartrois. Cette entreprise, où il a mangé une petite fortune, ayant fait faillite, il se consacre aux lettres comme écrivain.
Personnalité de la bohème montmartroise proche de Jules Roques, fondateur du journal illustré Le Courrier français qui le soutient, il est très lié à l’artiste Georges Lorin ainsi qu’au poète Émile Goudeau, les fondateurs, en 1878, du fameux groupe des Hydropathes, club littéraire parodiant les salons bourgeois, et qu’il rejoindra six mois après sa fondation.
Lui-même fondateur de son propre mouvement artistique appelé les Arts incohérents, réplique spirituelle aux manifestations des décadents de la peinture, il organise, le 1er octobre 1882, une exposition artistique d’un soir à son domicile au n° 4 de la rue Antoine-Dubois. Ce salon, à l’issue duquel les Arts incohérents apparaitront désormais comme un véritable mouvement artistique, est un grand succès, deux mille visiteurs étant venus admirer les œuvres exposées. Il anime également le « Bal des Incohérents » où fréquentait toute la jeunesse littéraire et artistique. Il ouvre également le Café des Incohérents, au 16 bis rue Fontaine.
Auteur de « Tribunaux comiques » à la façon de Jules Moineaux, il est un temps rédacteur en chef de la revue du cabaret Le Chat noir de Rodolphe Salis, puis cofondateur, avec François Mainguy, du journal Fin de Siècle en décembre 1890. Harcelé, comme ce dernier, par de nombreux procès pour attentats publics à la pudeur et atteinte aux bonnes mœurs à partir de 1891, notamment sous le ministère d’Ernest Constans (surnommé « Père la Pudeur »), en organisant des fêtes qui parfois dégénèrent en chahut, et de publications d’illustrations et de textes assez érotiques, il jette l’éponge en 1896 et revend Fin de Siècle en janvier 1898.
Il a publié un grand nombre d’ouvrages humoristiques et de bonne humeur. En 1928, il publie une anthologie intitulée Les Hydropathes, prose et vers, dans laquelle il publie la liste des membres originels de ce mouvement, soit 235 noms et réunit une cinquantaine de « survivants » pour une conférence en Sorbonne. Ami de Georges Courteline, il a collaboré avec lui pour Le commissaire est bon enfant, dont le succès a été si brillant au théâtre.
Très dévoué à ses confrères, il a mentionné, dans une notice qu’il a rédigée pour un annuaire, qu’il était « vice-président de quatre sociétés professionnelles et membre de quarante-trois autres. » Jusqu’à sa mort, il a occupé les fonctions de secrétaire de la Société des gens de lettres. Il participait, en outre, activement aux travaux du Dictionnaire de l’Académie de l'humour français, dont il était le secrétaire perpétuel. Parmi les définitions les plus remarquables signées de lui, on relève : Baba : « pris de rhum » ; Béguin : « passage du désir » ; Espérance : « baume tranquille » ; Franchise : « l’art de déplaire » ; Glace : « matière à réflexion ».
Œuvres
Théâtre
- 1881 : Estelle au lansquenet (Comédie)
- 1884 : La Douche (Comédie) avec Paul Bilhaud
- 1892 : Le Confident (Comédie) ; La Façon de penser (Comédie) ; Vive la liberté ! (Revue)
- 1898 : Les Affaires étrangères (Pièce)
- 1900 : Le Commissaire est bon enfant (Comédie) avec Georges Courteline ; La Fortune du pot (Vaudeville) avec Léon Abric ; Si tu savais, ma chère !... (Comédie)
- 1901 : Pour la gosse ! (Pièce)
- 1905 : Un Juré (Comédie)
- 1909 : La Roustépeuse (Pièce)
- 1910 : Ne varietur (Comédie)
- 1914 : Pierrot décoré Pantomime)
- Hâtons-nous d'en rire (Revue)