ANCELOT (Virginie) 1792-1875

 

Biographie

Son père, Thomas Chardon, est un homme d'affaires et sa mère, Barbe Edmée Vernisy, est une miniaturiste et salonnière issue d'une famille bourgeoise dijonnaise très implantée.
Marguerite Chardon grandit dans un milieu bourgeois et cultivé : son parrain est son oncle Louis-Nicolas Frantin (1740-1803), libraire et imprimeur du roi (1768), époux de sa tante maternelle Suzanne.
Sa marraine est Marguerite de Vernisy, une autre sœur de sa mère.
Ses oncles maternels sont Prudence de Vernisy, Claude-Auguste (1746-1810), avocat au Parlement de Dijon, puis administrateur général des Postes et Messageries de France et Jean-François (1783-1840), également avocat au Parlement.
Sa mère tient salon aussi souvent que les circonstances le permettent et l'initie à la peinture et au dessin.
De 1802 à 1806, elle étudie au couvent des Ursulines de Paris.
Ayant commencé sa carrière en tant que peintre, Virginie Chardon débute au Salon de 1814 avec La Veuve du Roi Ban, et plusieurs portraits. Au Salon de 1828, elle expose un tableau intitulé Une lecture de M. Ancelot où figurent presque tous les littérateurs de cette époque.
En 1817, elle épouse Jacques-François Ancelot, alors employé de la marine. Il se fait connaître par la tragédie Louis IX, qui lui ouvre l'accès au milieu royaliste ainsi qu'une pension de 2 000 francs par Louis XVIII. Marguerite Ancelot arrive alors dans les salons aristocratiques du faubourg Saint-Germain, avant d'ouvrir son propre salon en 1820.
Après la Révolution de Juillet, Jacques-Fançois Ancelot perd à la fois sa pension et ses postes de conservateur honoraire de la bibliothèque de l'Arsenal et de bibliothécaire du roi. Pour assurer un revenu au foyer, le couple Ancelot se lance dans l'écriture, parfois avec des projets communs. C'est à cette période que Marguerite Ancelot prend le pseudonyme de Virginie Ancelot.
Il est difficile de savoir dans quelle proportion elle a contribué au succès des vaudevilles Un divorce, Deux jours, Reine, cardinal et page (1832), ainsi qu’au recueil de mémoires sur les salons littéraires parisiens intitulé Emprunts aux salons de Paris (1835, in-8°), publié sous le nom de son mari.
Ses véritables débuts littéraires remontent au Mariage raisonnable (1835), comédie qu’elle a revendiquée comme étant d’elle. La Comédie-Française a donné successivement plusieurs de ses comédies en prose que Mademoiselle Mars a jouées avec grand succès : Marie ou Trois Époques (1836), son chef-d’œuvre traduit dans les principales langues ; le Château de ma nièce (1837) ; Isabelle (1838). Elle a ensuite donné au théâtre du Gymnase, au théâtre du Vaudeville et au théâtre des Variétés plusieurs pièces favorablement accueillies : Juana (1838) ; Clémence (1839) ; les Honneurs et les Mœurs, Marguerite (1840) ; le Père Marcel (1841) ; l’Hôtel de Rambouillet et les Deux Impératrices (1842) ; Hermance, Une femme à la mode, Loïsa et Mme Roland (1843), etc. Après s’être quelque temps éloignée du théâtre, elle a fait représenter au théâtre de la Gaîté, le drame de Femmes de Paris (1848), n’a pas réussi. Son Théâtre complet, comprenant 20 pièces, a été publié en 1848 (4 vol. in-8°).
Elle a également écrit des romans dont quelques-uns ont été plusieurs fois réimprimés et traduits à l’étranger : Gabrielle (1839, plusieurs éditions, in-8°, in-18 et in-4°) ; Émerance (1841) ; Médérine (1843), etc. Deux des mieux accueillis, Renée de Varville et la Nièce du banquier, sont de 1853. Plus tard, elle a fait paraître Une Famille parisienne (1856, plusieurs éditions), inséré d’abord dans le Journal pour tous ; Les Salons de Paris, foyers éteints (1857, in-18), étude rétrospective sur la société moderne : Une route sans issue (1857, 2 vol. in-8°) ; Un nœud de ruban (1858) ; la Fille d’une joueuse (1858, in-12, et 1859, in-18), etc.
Le salon de l'hôtel de La Rochefoucauld-Liancourt, rue de Seine, où elle a accueilli, de 1824 à sa mort, Pierre-Édouard Lémontey, Lacretelle, Alphonse Daudet, Baour-Lormian, Victor Hugo, Sophie Gay et sa fille Delphine de Girardin, Henri Rochefort, Mélanie Waldor, la comédienne Rachel, Jacques Babinet, Juliette Récamier, Anaïs Ségalas, François Guizot, Saint-Simon, Alfred de Musset, Stendhal, Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Eugène Delacroix, et qui était presque un passage obligé pour l’Académie française, dont fut son mari Jacques-François Ancelot en 1841, a été l’un des derniers grands salons littéraires de Paris.

Œuvres

Théâtre

  • 1836 : Marie, ou trois époques
  • 1837 : Le Château de ma nièce
  • 1838 : Isabelle, ou deux jours d’expérience ; Juana, ou le projet de vengeance
  • 1839 : Clémence, ou la fille de l’avocat
  • 1840 : Les Honneurs et les Mœurs, ou le même homme ; Marguerite
  • 1841 : Le Père Marcel
  • 1842 : Les Deux Impératrices, ou une petite guerre ; L’Hôtel de Rambouillet
  • 1843 : Hermance, ou un an trop tard ; Loïsa ; Une Femme à la mode ; Madame Roland
  • 1844 : Pierre le millionnaire ; Follette ; Un Jour de liberté
  • 1847 : Une Année à Paris
  • 1848 : Les Femmes de Paris, ou l’homme de loisir